LA  TURQUIE - Cinquième partie

Aujourd'hui on revient en Turquie et la prochaine étape est la ville antique de Ephèse.

 

Robert Laquerre
adrc1967@videotron.ca

 

8. Ephèse /Selçuk : 3 jours

 

De retour à Marmaris, nous prenons l’autocar qui nous mènera à Selçuk. Le trajet ne durera que 5 heures. Après avoir parcouru la moitié du pays en autocar, nous avons remarqué comment la vie est difficile pour les agriculteurs. Même s’ils disposent de belles terres à cultiver ils ne peuvent pas tous compter sur la machinerie lourde pour effectuer le dur travail des semences et des récoltes dans les champs. Sans me tromper je crois que le peuple turc est autosuffisant en ce qui a trait aux légumes tels les tomates, les concombres, les courges, les aubergines, les patates, la salade et les piments. Quant aux fruits nous avons noté que la récolte était bonne pour ce qui est des oranges, des pommes, des melons, des poires, et du raisin. On y récolte aussi le coton, le tournesol et les olives.

 

Dès notre arrivée, nous nous dirigeons vers ANZ Pansiyon. C’est un endroit magnifique, calme, avec de belles chambres mais nous avons trouvé l'accueil un peu froid mais rien pour nous empêcher de bien fonctionner. Nous avions aussi accès à l’Internet pour une somme modique. Nous avons fait connaissance de trois jeunes gens de Trois-Rivière qui séjournait au même endroit et qui venait visiter un autre ami québécois. C’est réellement bon de pouvoir entendre son accent parlé par un compatriote.

 

- Maison de la Vierge Marie : 

Nous avons débuté notre excursion par la visite de la maison de la Vierge Marie qui est localisée tout en haut d’une montagne et à près de 9 Km de Selçuk. Le site aurait été reconnu comme authentique par le Vatican (Jean-Paul 11). Selon la légende, Saint-Jean serait venu avec Marie, quatre à six ans après la crucifixion de Jésus. Elle serait décédée à cet endroit. Ce lieu est devenu un lieu de pèlerinage tant pour les catholiques que pour les musulmans qui eux aussi la vénèrent.

 

Nous avons pénétré à l’intérieur de cette demeure, qui a bien sur été rénovée, mais nous avons senti que nous étions dans un endroit saint. Tous les visiteurs respectaient les lieux et le silence primait. Nous ne sommes pas pratiquants mais nous croyons à notre Dieu. Le simple fait de m’y retrouver m’a procuré une belle sensation de satisfaction de pouvoir enfin voir un endroit où aurait vécu un des personnages cité dans la Bible. Cela a été un moment émouvant pour nous.

 

En sortant, j’ai rencontré une Sœur qui donnait des renseignements aux visiteurs et je lui ai dit qu’à défaut de pouvoir visiter pour le moment les lieux saints de la Palestine, d’où origine le christianisme, j’appréciais ma visite de ce matin. Elle a rétorqué que la Turquie était reconnue pour être la 2e terre sainte de la venue de certains apôtres (Jean, Paul) et de Marie entre autres.

 

-Ephèse :   

Nous redescendons la montagne et nous arrivons à l’entrée de cette monumentale cité antique de Ephèse qui fut rebâtie au 3e siècle avant J.C. Cette ville qui a compté plus de 200,000 habitants à une certaine époque refuse de disparaître. Elle a atteint son apogée sous l’Empire romain grâce à son rayonnement culturel et artistique. Le temple d’Artémis, qui figure parmi les sept merveilles du monde, les rues de marbre bordées de maisons, de temples et de fontaines, les agoras, les statues, les théâtres et les bibliothèques en faisaient un lieu de prestige. Sans oublier les thermes Scholastikia qui pouvaient accueillir plus de 1,000 personnes. Ses monuments sont bien conservés et il est plutôt rare d’être en mesure d’avoir une réelle idée des divers emplacements urbains de cette période.

 

 

 

 

 

Nous avons pu apprécier le concept des bains et des latrines de l’époque qui n’étaient destinés qu’aux hommes. Au centre de la pièce des latrines il y avait une piscine carrée entourée des quatre côtés par des sièges de toilette en marbre où chacun s’asseyait sans pudeur aucune. Des esclaves veillaient au nettoyage de ces lieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit mot sur la bibliothèque de Celsius. La structure a été érigée en 135 avant J.C. par le fils de Julius Celsius, alors Consul de la province d’Asie sous l’Empire romain. Sa façade mesure près de 200 pieds par 50 de hauteur. La chambre intérieure mesure environ 50 pieds carrés. On avait prévu un espacement de 3 pieds entre les murs intérieur et extérieur afin de protéger les écrits des températures extrêmes et de l’humidité. La dépouille de Celsius repose dans un sarcophage derrière la bibliothèque.

 

 

 

Le théâtre qui pouvait contenir 25,000 spectateurs qui a servi vers la fin de l’Empire romain aux combats de gladiateurs. L’enceinte est constituée de 3 sections horizontales qui ne font que le tiers de la circonférence du théâtre. J’ai pu m’introduire dans ce que je crois était les salles d’attente des gladiateurs avant de performer devant les notables et la population. Ce monument est très bien conservé

 

 

Le lendemain, mon épouse et moi revenions d'une ballade à pieds dans les ruelles de cette bourgade alors que la température avoisinait les 30C et que le soleil nous plombait sur la tête. Nous décidons de prendre place sur la terrasse d'un petit café pour se rafraîchir un peu. Après les salutations d'usage en Turc, un homme qui discutait avec le patron vient nous saluer et après quelques minutes je l'invite à notre table.

 

Nous discutons pendant deux heures de tout et de rien mais je profite toujours de ces instants pour tenter de mieux saisir la perception des gens du pays concernant certains événements et leurs réactions à la suite de mes réponses.

 

Un des sujets abordés fut le terrorisme pratiqué au nom d'Allah. Mon interlocuteur me disait qu'il n'y avait rien dans le Coran pour justifier toute ces folies meurtrières. Le musulman  applique ce que prescrit leur livre saint. Il a, à un certain moment donné, avancé que Allah, le Christ, Confucius et les autres ne font qu'un seul Dieu mais que chaque peuple a donné un nom à son Dieu et a adopté les principes propres à leur civilisation. Il a continué en disant que toutes les religions prônent de faire le bien et d'éviter de faire le mal. Je n'ai jamais interrompu cet homme tant je le trouvais sage dans sa pensée et cela était rassurant et rafraîchissant de savoir qu'y compris les musulmans, les gens désirent vivre heureux et en paix plutôt que de tuer pour une "cause " démentielle.

 

Cet homme qui parlait cinq langues avaient travaillé en Hollande un certain temps. Il me disait que beaucoup d’Européens s’achetaient des terres et des maisons pour vivre dans la région qui promet plus de 300 jours d’ensoleillement par année. Propriétaire d’une fabrique de tapis, il me confiait que les choses changeaient dans son pays car la Turquie devait maintenant faire face elle aussi à la mondialisation et que cela bouleversait certaines traditions turques.

 

On importe maintenant des tapis »turcs » fait à la machine du Pakistan et de la Chine à coût moindre que celui fabriquer à la main en Turquie. La qualité s’en trouve affectée et lui-même fermera sa fabrique d’ici la fin de l’année.

 

Il m’a aussi raconté que tous les turcs parlaient le français mais qu’ils n’en étaient pas conscients. En effet, plus de 400 mots du vocabulaire français sont utilisés en Turquie. Par exemple : pantalon, docteur, directeur, merci, pardon, ambulance et police pour n’en citer que quelques uns.

 

Il m’a annoncé que le gouvernement abolirait dès l’an prochain les 3 derniers zéros sur les billets de banque ce qui revient à dire que cette année tout le monde est millionnaire pour encore quelque temps. Donc, au lieu de payer une course de 1,000,000 TRL en dolmus, celle-ci vous reviendra à 1000,000 de lires turques.

 

Le temps passe rapidement lorsque votre interlocuteur vous tient des propos intéressants. Il se lève en s’excusant mais il doit retourner à son atelier. Une franche poignée de mains et un « güle, güle » (au revoir) mettent un terme à notre rencontre.

 

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