LA TURQUIE - Deuxième partie
4. Cappadoce : 4 jours
Le matin on se dirige vers l’otogar ( terminal d’autocars) pour prendre notre autocar dont le départ est prévu à 09 :00 heures et dont le trajet s’effectuera en 4 heures pour une somme modique de 20 millions de lires turques soit $18.00 CAD pour 2 personnes. À bord, outre le conducteur, il y a une ou deux autres personnes qui veillent à votre confort. On vous offre gratuitement de l’eau, du çay (thé), du café, des boissons gazeuses et des petits gâteaux. Puis, le jeune homme revient vous voir pour asperger vos mains d’une eau de Cologne pour vous désinfecter les mains. Les trajets sont non-fumeurs et vous pouvez même regarder un film. Il y a des arrêts de prévus pour les fumeurs et pour soulager votre vessie.
Les cheminées de fées de diverses formes ( coniques, à colonne, aux chapeaux) sont le résultat des éruptions volcaniques qui ont recouverts le plateau de tuf, une pierre tendre formée de lave, de cendre et de boue. Vous en avez un petit aperçu si vous jetez un coup d'œil en bas à gauche de la photo. L’action érosive des ruisseaux et du vent sur les couches de tufs ont crée un paysage surréaliste et spectaculaire et constitue une des attractions de cette région.
À cause de sa localisation, la Cappadoce était une région stratégique et une des routes importantes pour le commerce comme la Route de la Soie.
-- Avanos : J’ai arrêté mon choix sur la petite bourgade très francophone de Avanos. Ibrahim, le patron de l’hôtel Sofa nous accueille en français et nous offre le çay et des délicieuses pides (pâte mince sur laquelle on y dépose de l’agneau haché, des oignons et de l’ail). Nous bavardons de tout et de rien et il s’installe entre nous une belle complicité. Il nous indique que cette ancienne maison ottomane date de plus de 200 ans et qu’elle a été transformée en hôtel. Nous héritons de la chambre située dans la plus haute partie de cet hôtel qui en compte environ une trentaine. Les chambres très confortables sont situées sur divers paliers et dans divers recoins du complexe. De notre balcon, on a une vue privilégiée sur le village et les montagnes. Le service est courtois et les petits déjeuners très copieux. C’est une entreprise familiale et on se rend compte de l’intérêt portée à la clientèle. J’avais même droit à l’usage gratuit de l’Internet. J’avise Carole que demain matin nous devrons nous lever tôt car nous survolerons la région en montgolfière. Elle, qui ignorait cette étape, est demeurée muette quelques moments le temps de bien comprendre ce que j’avais dit. Elle est devenue toute excitée à l’idée de vivre cette envolée toute spéciale.
Il fait frisquet à cette heure matinale et on nous offre le café, des biscuits et une couverture. Puis, on se dirige vers un 4x4 qui nous emmène vers notre lieu de départ. Pendant que les hommes déchargent les 2 montgolfières et les gonflent, on nous indique les consignes de sécurité de même que la façon de procéder lors de l’atterrissage. La nacelle contiendra 13 passagers incluant le pilote. Nous avons vu le lever du soleil qui se cachait derrière les montagnes. Je comprends un peu plus pourquoi certains peuples en avaient fait leur Dieu. Cette boule de feu qui procure la lumière, la chaleur et la vie sur cette terre colore de différentes teintes les reliefs de montagne selon sa hauteur et sa position.
Le pilote nous a fait vivre de belles émotions quand il a fait grimper le ballon à une altitude de 2000 pieds pour tantôt redescendre si bas près des arbres que j’ai presque réussi à cueillir une pomme. Selon le pilote d’origine anglaise, la montgolfière peut atteindre jusqu’à 10,000 pieds d’altitude sans problème. Au-delà de ce point, les passagers doivent être équipés de réservoirs à oxygène.
L’envolée s’est déroulée sans secousse, ni turbulence. Seule la poussée de l’air chaud vers la toile brisait le silence. On avait l’impression de flotter littéralement dans le ciel et de dominer la terre. Les flancs de montagnes étaient percées de maisons troglodytes. Ailleurs, le paysage était abstrait c'est-à-dire sans cadre défini.
L’atterrissage nous a secoué quelque peu car la vitesse du vent a déjoué le pilote. Pendant ce temps, les responsables préparent la célébration de cette envolée en sortant les coupes et le champagne. C’est, semble-t-il, un rituel qui se perpétue depuis la toute première envolée en ballon. Il n’est que 9 :00 heures du matin et je n’ai avalé que deux biscuits et un café. Kaili, la propriétaire, remet à chacun un certificat authentifiant notre envolée en montgolfière. C’est une expérience très agréable à vivre. Ne ratez pas votre chance si l’occasion se présente car ce sera un épisode tout à fait envoûtant.
-- Goreme : Ce matin nous prenons un dolmus (prononcer dolmouche, autobus inter cité) qui nous mènera vers la ville de Goreme qui abrite dans un vaste musée de plein air, quelques uns des plus beaux ensembles monastiques de la Cappadoce. Une dizaine d’églises rupestres qui portent différents noms tels que Église à la Boucle, à la Pomme, Sainte Barbe, au Serpent, Sandale et Sombre. L’endroit est un ancien monastère où l’on a creusé à même les rochers plusieurs églises datant du Xe au XIIIe siècles. La plupart d’entre elles ont conservé leurs fresques mais seulement quelques unes nous dévoilent une image intacte de la chrétienté. Les plus belles se retrouvent à l’intérieur de l’église Sombre où l’on peut contempler les peintures d’une autre époque. Elles ont été bien conservées parce que l’église ne permet qu’un tout petit puits de lumière. Il semblerait que l’Unesco aurait un projet de grande restauration de toutes ces toiles murales peintes sur le roc et qui représentent la Nativité, la vie de Jésus, la trahison de Judas, la crucifixion, etc. ……
Toutes ces églises sont reliées entre elles par des tunnels souterrains et l’on doit s’attendre à marcher et à gravir les marches de pierre rudimentaires de façon répétitives pour les visiter. La visite s’effectue en 3 heures et vaut la peine d’être vue si ce n’est que pour mieux comprendre comment ces moines vivaient à l’époque.
Encore une journée bien remplie qui en plus de nous permettre de découvrir des sites historiques uniques nous permettent de garder la forme physique. C’est une fatigue saine qui nous transporte très vite dans les bras de Morphée.
-- Villes souterraines : Au début du 1er millénaire, les chrétiens pour se protéger de la persécution des Romains sont venus se réfugier et s’installer dans les villes souterraines. Elles ont procuré aux croyants une certaine sécurité et la paix.
Nous avons choisi de visiter Kaymakli, une des trente trois villes souterraines de la région et qui a été creusée entre le 6e et le 10e siècle. Ce complexe souterrain comportait 10 étages et pouvait abriter environ 10,000 personnes sur une profondeur atteignant plus de 200 pieds selon le guide.
Il existait des tunnels qui reliaient deux villes souterraines et permettaient ainsi aux soldats et à la population assiégés de fuir pour se réfugier dans une autre ville souterraine située à environ 10 Km plus loin.
Au 1er étage étaient réunis les animaux pour la simple raison que les odeurs ne puissent se répandre à tous les étages puisqu’il y avait des bouches d’aération permettant à l’air vicié d’être évacué. Cet immeuble souterrain comprenait les aires suivantes : des salles pour les provisions, des cuisines, des réfectoires, des chambres à coucher dont on avait trouer le plafond à deux endroits afin de permettre d’y attacher le berceau pour les nouveaux-nés, des chapelles, des hôpitaux, des prisons, etc. …On disposait aussi de sources d’eau et de cave à vin.
On avait aussi songé à une morgue où les parents de la personne décédée les enfermaient temporairement dans une espèce de sarcophage dans leur chambre à coucher et disposait des corps lorsque le danger était écarté. Il en va de même pour les latrines où l’on saupoudrait de poussière de roche les matières fécales qui étaient par la suite répandus dans les champs servant ainsi d’engrais.
Autre point intéressant de cette visite c’est que les passages d’un étage à l’autre, d’une largeur d’environ 3 pieds, ne permettait qu’à une seule personne à la fois de s’y rendre. De même, cette personne devait effectuer sa descente, courbée, car la hauteur ne faisait pas plus de 5 pieds. Ainsi, en cas d’attaque de l’ennemi, les défenseurs pouvaient mieux contrôler les envahisseurs en n’affrontant qu’un seul ennemi à la fois. De plus, à chacun des étages, une grosse meule de pierre que l’on roulait sur les 3 pieds de largeur fermaient hermétiquement le passage et permettait ainsi aux assiégés de se regrouper. On pouvait tenir pendant une période maximale de 15 jours. Par la suite tous devaient fuir vers l’autre ville souterraine.
En après-midi, nous avons escalader la citadelle naturelle de Uchisar car elle a été construite à même le rocher. Elle fait 25 étages et elle était dotée de chapelles, de cellules et d’habitations reliées entre elles par des labyrinthes. Du sommet on avait une vue imprenable jusqu’à Avanos situé à environ 10 Km plus loin.
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