Sherbrooke, QC

par

Gisèle Savoie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’était en plein été. Sherbrooke était un parc de verdure, je n’avais jamais vu autant d’arbres dans une ville ! Hauts et larges, ils étaient la principale parure de l’endroit: ils tenaient toute la place, ombrageaient et même cachaient les maisons bien assises du temps. J’avais à peine plus de vingt ans et j’y venais pour la première fois. Je devais y rester ensuite pour toujours, ou jusqu’à maintenant, 52 ans plus tard !

Au fil des années, le décor a changé. Les «Anglais» qui vivaient ici en grand nombre ont disparu, la mort ou les affaires les ont emportés. Petit à petit, ils ont été remplacés par des Québécois francophones, aujourd’hui en majorité partout à Sherbrooke et dans les petites villes avoisinantes. Hélas, l’environnement n’a plus eu droit au même respect que dans le temps où les anglophones le géraient. Les promoteurs des nouveaux quartiers se font un devoir de raser tous les arbres avant de poser les fondations des maisons princières qui se vendent présentement. il semble entendu que les riches propriétaires planteront eux-mêmes des arbres, qui mettront tant d’années à remplacer ceux qu’on a sacrifiés ...

 

Malgré tout, La Reine des Cantons de l’Est, comme on avait l’habitude de la nommer, continue d’être aussi jolie: elle présente des paysages variés à cause de son terrain vallonneux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Du haut des nombreuses collines, on admire la campagne qui encercle la ville, et les montagnes au loin. Du côté est, on voit jusqu’au Mont Mégantic; à l’ouest le soleil se couche sur Orford et les montagnes américaines. Des quartiers entiers ont gardé leur ancien caractère et c’est là que la ville a conservé tout son charme, sa qualité de vie l’été, ses couleurs l’automne, les décors enchanteurs de l’hiver, quand la neige se dépose sur les branches, comme ces jours derniers, près de chez moi. Mais économie oblige : les centres commerciaux se multiplient à un rythme effarant; comme partout ailleurs les citoyens sont habitués à trouver pas trop loin de chez eux, tout ce qu’il leur faut, et plus.

 

 

 

 

S’il fait bon vivre à Sherbrooke où je n’ai pourtant aucune racine ou parenté, sauf un fils, c’est qu’on y trouve, en plus petit, tout ce qu’il y a dans la métropole ou à Québec ou les autres grandes villes nord-américaines: deux universités, de nombreuses activités artistiques et sportives et des affaires qui vont bon train. La grande salle Maurice O’Brady offre presque tous les concerts et spectacles présentés à la Place des Arts de Montréal. Et à vingt minutes d’ici, le Camp Musical d’Orford, pendant la belle saison, attend les mélomanes sous ses grands pins, pour leur faire entendre en direct, la musique du Paradis.

Deux rivières sillonnent ma ville : la St-François et la rivière Magog. Michel Serres compare toujours les rivières qui traversent une ville ou un village au sang qui coule dans nos veines : c’est la vie même qui y circule ! De nombreux lacs agrémentent les alentours de Sherbrooke. Le Parc provincial d’Orford reçoit, été comme hiver, nombre de vacanciers et d’amants de la nature. Camping, pistes de ski de fond, etc., dans un décor merveilleux où ça sent les aiguilles de pins à l’année !

 

 

Enfin, dans un calme relatif, on peut mener à Sherbrooke une vie intéressante, se la couler douce ou s’activer à son rythme ou selon ses goûts sans se faire bousculer. On peut voir les saisons se succéder et prendre le temps de les savourer une à une ...

 

 

Les Loyalistes qui ont construit et marqué ce coin de pays nous ont aussi laissé un de leurs dictons préférés. «There is no place like home !» On n’est nulle part aussi bien que chez soi, ou On n’est vraiment bien que chez soi ... Quelle chance de vivre au coeur d’une aussi belle région !

 

 

 

               Gisèle Savoie, membre du RIAQ