Oui, j'ai fait des sauts en parachute
par
Pierre Le Ny
Quand je m'étais inscrit pour la première fois comme
volontaire pour ce genre d'exercice "périlleux", le parachutisme, mon épouse
était encore bien plus inquiète que moi.
En fait, à cette époque, j'étais mécanicien avion. Et tous les jours, je
travaillais avec un un collègue qui en faisait pour ses loisirs. Il avait fini
par me passer "son virus". C'est ainsi qu'un jour j'avais fait acte de
candidature pour une formation de parachutiste (amateur). Après formalités
diverses, entraînement physique, visite médicale ad hoc, me voilà dans la
"mouvance".
Le moniteur (Le Lt Pêtre) avait sauté près de mille fois. Et il savait
parfaitement comment s'y prendre pour mettre les candidats en confiance. Pour
moi qui connaissais parfaitement les lois de l'aérodynamique, je n'avais pas eu
de difficulté à tout comprendre ce qui se passait aussitôt après le lancement
dans le vide, par la porte arrière de l'avion.
Cependant, je me rappelle encore, dans les minutes qui précédaient le saut dans
le vide, tous les parachutistes devenaient progressivement silencieux,
concentrés, en attendant l' instant délicat. Imaginez, une quinzaine d'adeptes,
avec casque sur la tête, parachute bien harnaché sur le dos, des grosses
chaussures, à la queue leu leu, avec surtout la main sur la sangle appelée SOA
(sangle ouverture automatique), accrochée à un gros câble et bien contrôlée par
le Responsable avant la sortie fatidique.
Quand la sirène sonne, ça veut dire qu'il faut y aller en vitesse, l'un après
l'autre, car il n'y a que 30 à 40 secondes pour que tous soient
dehors. Pas question de gêner celui qui suit derrière, ni l'opération ! Imaginez
un instant que vous êtes un mouton de Panurge qui fait exactement comme celui
qui vous précède : sauter sans réfléchir ! Car c'était avant qu'il fallait
réfléchir !
Finalement, c'est un peu comme dans la vie de tous les jours. C'est important
d'imaginer par avance les circonstances qui vont être rassemblées, parfois en
seulement quelques secondes. Autrement dit avant, il faut préméditer longuement
et avoir conscience de tout ce qui va se passer.
Et cela, je le faisais surtout en pliant moi-même parfaitement mon parachute.
Car en fait c'était surtout de celui-ci que tout dépendait : il y a
d'innombrables fils, des fuseaux, des sangles, des garcettes etc. ...
Heureusement, le tout était contrôlé par un spécialiste. Le fameux dicton
"parfois la vie ne tient qu'à un fil" était donc là tout à fait de circonstance
.
En fait, je n'avais sauté qu'une dizaine de fois (années 1963/1964). Car par la
suite (1965) j'avais été affecté dans une autre Unité (Forces aériennes
Stratégiques : Bombardier porteur de bombe atomique) où il n'y avait pas cette
possibilité.
Cette
expérience m'avait cependant été très utile par la suite, car de ce fait,
j'avais été autorisé à voler sur Avion de Chasse Mirage III B
(biplace) comme mécanicien. Je me rappelle, tous les 3 mois je devais faire un
exercice d'éjection sur un siège spécialement prévu à cet effet (au sol). Ce fut
ainsi que j'avais eu l'occasion de faire de nombreux vols : essai, liaison
diverses, ou même une fois un exercice de largage de la Bombe at. , sans rien
larguer bien sûr !, au dessus du Massif Central en France ( Pilote AdJ/Chef
Etcheto).
Une fois cependant en plein vol, en Avion Mirage III avec le Capitaine
Préville, j'avais bien cru pendant quelques instants que je devrais actionner
mon siège éjectable, et de me retrouver suspendu au bout d'un parachute. C'était
au dessus des Vosges dans l'Est de la France, en panne radio complète, sans
radar, le GPS n'existait pas encore, sans visibilité, un jour de février 1968.
Tout le Nord de la France était recouvert d'épais nuages, et nous étions en
plus, à court de carburant.
Ce qui nous avait sauvé, c'était un Contrôleur Radar au sol qui avait flairé
notre difficulté, en détresse réelle, et avait dérouté un autre avion pour venir
à notre secours et nous guider vers la Base Aérienne la plus proche. Finalement
il n'y avait pas eu besoin de nous éjecter, mais c'était limite, car nous
n'avions presque plus de carburant, seulement pour quelques minutes ! Bien sûr,
après l'atterrissage avec tant d'émotions, nous avions "arrosé ça" comme il faut
! Inoubliables !
Conclusion : parfois dans la vie il faut prendre des risques. Car celui qui ne
risque jamais rien n'a rien.
À condition toutefois que ce soit des risques calculés !
Pour
faire du parachutisme, il faut avoir non seulement "un peu la tête dans les
étoiles", mais surtout ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot !
Pierre Le Ny, Bretagne (France), membre de RIAQ-FORUM et des Grands-parents virtuels